JOUIR
Spectacle de théâtre pluridisciplinaire fixe
Écriture collective dirigée
Durée estimée : 1h20
Mise en scène et écriture collective dirigée par Juliette Hecquet
Avec Camille Dordoigne, Emma Evain, Juliette Hecquet, Cécile Leclerc, Joseph Lemarignier, Arthur Raynaud et Florie Toffin
Composition musicale Joseph Lemarignier
Collaborations artistiques Marie-Line Halliday, Maxime Christian et Bedou
Éléments scénographiques Caroline Sélig
Costumes Anaëlle Misman
Montage de production Ludivine Rhein
Admin de production Pauline Chareire
Remerciements les médecins du PMI : Hélène Hugla, Julia Rausch et Laetitia Giuliani, Shanon·e David, SCOPIE et Fanny Imber.
Coproduction et résidences aide à la création du Moulin Fondu - CNAREP - Île-de-France ; Chalon dans la rue - CNAREP de Chalon-sur-Saône ; Printemps des Rues - Paris ; Éclat(s) de Rue / Ville de Caen ; La Transverse - lieu de création pour l'espace public - Corbigny et La Lisière - Bruyères-le-Châtel.
Accueil en résidence Le Bord de l’Eau - Margny-lès-Compiègne avec le soutien de la Région Hauts-de-France ; Les Ateliers Frappaz - CNAREP - Villeurbanne ; Animakt - Saulx-les-Chartreux ; Le Couvent - Marseille et Le Nid de Poule - Lyon.
Soutiens Ministère de la Culture - Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Île-de-France ; SACD / Auteurs d’Espaces ; Adami ; SPEDIDAM ; Fonds d’Insertion pour Jeunes Artistes Dramatiques - DRAC et Région SUD ; FAI-AR ; Ville de Paris dans le cadre de l’aide à la diffusion ; Chalon dans la rue - CNAREP pour l’Aube de la création 2023 ; Artcena et Eclat - CNAREP - Aurillac pour les Présentations de Projets en Création 2023
Nous sommes nombreuses à passer à côté de notre corps et du plaisir qu’il peut nous procurer. Mais aussi, nous sommes tout aussi nombreuses à avoir subi des violences physiques, psychologiques ou sociétales qui nous ont empêchées de jouir de la liberté d’affirmer nos désirs. Dans un contexte où la jouissance féminine est souvent reléguée au second plan, JOUIR émerge comme une réponse audacieuse et nécessaire. À travers une exploration artistique mêlant écriture intime, happening et cabaret musical, ce spectacle invite à une réflexion profonde sur la sexualité et le plaisir. Des statistiques révélatrices soulignent l'écart orgasmique persistant entre les genres, et les essais mettant en lumière les réalités de la vie sexuelle des femmes fourmillent. Sarah Barmak, Jūne Pla, Tal Madesta, Ovidie, Marina Rollman… ils et elles sont nombreux·ses à mettre en lumière l’envie de recréer de nouveaux schémas érotiques en passant par l’humour, la sensibilité et le récit.
S'inscrivant dans des espaces publics intimes, JOUIR aspire à créer des espaces d'échange et de partage où les voix individuelles se rejoignent pour former un chœur de récits et d'expériences. Là où les tabous tombent, la discussion s'anime : pourquoi cet écart orgasmique ? Peut-on réinventer nos schémas érotiques ? Et, surtout, est-ce si important de jouir ? À partir du récit d’une femme en quête d’orgasme qui se mêlent à celui des autres artistes de la pièce, le public est pris dans un tourbillon frénétique où la jouissance se dévoile dans toute sa splendeur et sa diversité.
Par Stéphanie Ruffier
Les Trois Coups
Culotte mouillée, poing levé, esprit en ébullition… Dès potron-minet, le festival Chalon dans la rue nous dégourdit avec L’Aube de la création, un format inédit qui permet de découvrir des spectacles en cours de création. Ça réveille comme un café bien serré dans une réunion militante !
« J’ai super peur ». C’est écrit sur son tee-shirt. Apprentie à la Fai-Ar, école supérieure qui forme aux arts de la rue, Juliette Hecquet se tient pourtant bravache, en culotte, un arrosoir à la main. L’accessoire tant phallique que source d’humidité donne le ton. En face d’elle, le public matinal, assis sur des gradins en hémicycle, la regarde feuilleter son carnet. Elle en extrait des bribes de réflexions sur sa quête de l’orgasme. Il faut dire qu’elle a longtemps cru à l’équation aussi rebattue qu’ennuyeuse : « faire l’amour = faire des enfants = le kiki dans la zézette ». Et ce ne sont pas les indigents manuels scolaires de SVT qui l’ont détrompée : zéro mention du clitoris, sauf dans les éditions Magnard.
Avec Jouir, Juliette interroge l’écart ou le fossé du plaisir entre hommes et femmes. À ses côtés, un jeune et turbulent aréopage de copaines, façon stand up à la Comedy Club. Ils dynamitent le traditionnel entrée-plat-dessert, à savoir préliminaires-coït-éjaculation, pour célébrer les tapas. En avant pour l’émancipation érotique et sexuelle pour toustes ! Juliette célèbre le Rabbit (fameux sextoy dont elle roule furieusement les consonnes), tandis que Florie interroge notre vocabulaire et réalise des sondages par applaudissements : voilà plus d’un an qu’elle n’a pas « circlus ». La pétulante Lilith, figure de la femme délivrée de la procréation, assume la masturbation en chanson.
Comment se déposséder des fantasmes masculins, du male gaze qui dirige nos regards et nos fantasmes dans les films ? Cette équipe joyeusement queer s’attèle à nommer, danser, déconstruire à tout va. Avec un humour frontal. Leurs témoignages s’engouffrent dans la brèche ouverte par les nombreux essais et podcasts féministes sur le désir.
La compagnie avait déjà adapté une BD de la mordante Liz Strömquist. Elle poursuit ici une forme d’éducation populaire réjouissante. Sus à la pudeur dans ce théâtre documentaire en prise directe avec le public ! Juliette rêve de faire se côtoyer sur le plateau des princesses Disney et une travailleuse du sexe, d’asperger ses interprètes, de se déshabiller pour se mettre un pyjama… Sa maquette (état en cours d’une recherche artistique) regorge d’envies. On prolongerait volontiers ce moment facétieux, résolument complice et instructif.